Projet qualité de l'air au Togo (PQAT)
La problématique de la pollution de l’air est une préoccupation nationale et globale. La qualité de l’air joue un rôle important dans la préservation de l’environnement, de la santé et le bien-être de la population. Elle constitue aujourd’hui un défi majeur pour le développement socio-économique mondial. Mais de nos jours elle est à l’origine de plusieurs maladies et décès chaque année dans le monde causés par la respiration de l’air trop chargé de particules en suspension. Selon un rapport de l’OMS publié en 2016, environ 1 000 000 de morts sont associés à ce « tueur invisible » en Afrique. La pollution de l’air est donc un redoutable fléau qui dépasse de loin le tabagisme. À cet effet, elle est responsable de la perte de l’espérance de vie qui est estimé à 1,8 année (EPIC, 2018). Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), si rien n’est fait en Afrique, les émissions de polluants pourraient tripler et représenter en 2030, 50% des émissions mondiales. De même, les résultats publiés en 2013 par la Banque Mondiale montrent que la pollution de l’air couterait à l’Afrique 3,8% de son PIB et si on continue dans cette voie, les dépenses de santé risquent d’augmenter plus rapidement que le PIB.
Au Togo, les décès et les maladies liés à la pollution de l’air ont pour origine des microparticules qui attaquent le système immunitaire à chaque fois que celle-ci sont inspirées. Ces particules proviennent de multiples sources notamment les transports, l’élimination des déchets, l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie au niveau des ménages, les industries et les feux de végétation. Les feux de végétations contribuent selon les recherches au 2/3 des émissions de gaz à effet de serre.
Selon une étude réalisée par Health Effects Institute en 2019, la pollution liée à la biomasse est responsable de 24 % des décès en Afrique Subsaharienne. Sur le plan national, il n’existe pas encore de normes relatives à la qualité de l’air, ce qui entrave la mise en œuvre des politiques du gouvernement en matière de la qualité de l’air.
C’est dans ce contexte que le ministère de l’environnement et des ressources forestières (MERF) à travers l’agence nationale de gestion de l’environnement (ANGE) a initié le projet qualité de l’air au Togo (PQAT) en vue, entre autres, de faire la surveillance de la qualité de l’air en milieu urbain au Togo notamment dans les onze (11) villes (Lomé, Aného, Tsévié, Tabligbo, Notsé, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara, Mango et Dapaong). Il vise à protéger la santé publique et l’environnement contre les effets dévastateurs de la pollution atmosphérique et éliminer, ou tout au moins réduire au minimum, l’exposition des êtres humains aux polluants dangereux à travers la mise à disposition des informations sur les concentrations de différentes pollutions atmosphériques lesquelles permettront de mettre en place les normes nationales relatives à la qualité de l’air.
Par ailleurs, ce projet contribue à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) suivants
- ODD 3 qui vise à « permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien être de tous à tout âge » spécifiquement dans sa cible 9 : « d’ici 2030, réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus à des substances chimiques dangereuses, à la pollution et à la contamination de l’air, de l’eau et du sol » ;
- ODD 11 : « faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables » ;
- ODD 12 : « établir des modes de consommation et de production durables » ;
- ODD 13 : « prendre en urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions»
Le PQAT est également en conformité avec la Feuille de Route Gouvernementale TOGO 2025 dans son ambition 10 qui consiste à « mettre le développement durable et l’anticipation des crises futures au cœur des priorités du pays ». La surveillance de la qualité de l’air étant une thématique nouvelle et peu explorée dans les pays en voie de développement, des renforcements de capacité tant matériel qu’en connaissances sont nécessaires tant à l’échelle sud-sud que nord-sud. Cela permettra, entre autres, de maîtriser les véritables leviers d’action, les nouvelles technologies en la matière et les stratégies de gestion des systèmes de surveillance de la qualité de l’air.
Objectif général
L’objectif général du projet est de contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air au Togo pour la préservation de la santé humaine et de l’environnement.
Objectif spécifiques
Il s'agira de :
- Prévenir la pollution:
- Informer et éduquer le public et les décideurs de manière à favoriser les actions préventives
- Identifier les différentes sources d’émission ainsi que leur part dans l’ensemble global de la charge de pollution atmosphérique
- Gérer la pollution:
- Établir les niveaux de concentrations en différents polluants atmosphériques
- Observer les tendances de pollution à long terme pour le suivi et l’évaluation de la pollution
Zone d’intervention
La détermination des villes pour les mesures de qualité de l’air se base sur des critères de sélection par priorisation des villes les plus confrontées aux sources de pollution. Les principaux critères généralement utilisés sont : l’utilisation de sources d’énergie (transformation, combustion, cuisson et distribution d’énergie), les transports, l’agriculture (sylviculture et pêche également) et la production de déchets (déchets et traitements), la présence d’industries (manufacturière, tertiaire, extraction, transformation, …). Ainsi, les quatre premières catégories étant intimement liées, le choix des villes s’est fait en croisant deux principaux critères : l’importance de la population et la présence d’industries. Ainsi, il ressort des analyses que les villes de Lomé, Aného, Tsévié, Tabligbo, Notsé, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara, Mango et Dapaong représentent les sites urbains les plus sensibles à la pollution et pouvant justifier l’installation de capteurs de mesure de qualité de l’air.
Résultats phares attendus
Les résultats phares attendus du PQAT sont, entre autres :
- Capteurs mobiles et fixes sont acquis et déployés pour mesurer la qualité de l’air en continu
- Une plateforme de visualisation des données mesurées est créée
- Une stratégie de communication pour une meilleure gestion la qualité de l'air au Togo est élaborée
- Les collectivités, les populations et les opérateurs économiques en occurrence les entreprises industrielles sont sensibilisés sur le cadre réglementaire et les bonnes pratiques de préservation de la qualité de l’air
- Un outil d’aides à la décision (OAD) pour gérer la qualité de l’air est élaboré
- Les études d’impact sanitaire et économique de la pollution atmosphérique au niveau des 5 régions économiques du Togo sont réalisées
- Les inventaires des sources d’émissions de polluants atmosphériques sont élaborés
- Un modèle de prévision de la qualité de l’air est réalisé
- Des partages d’expérience des systèmes de surveillance de la qualité l’air à l’extérieur sont organisés